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 L’Arabie Saoudite vers la fin de l’âge d’or noir

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ÉDITO

Les Saoudiens, qui ont longtemps fait la pluie et le beau temps sur les marchés pétroliers, faisant grimper ou s’effondrer les cours mondiaux du pétrole au gré de leurs envies ou de leurs besoins, se retrouvent dans la situation de l’arroseur arrosé. Ils ont à ce point voulu affaiblir leurs ennemis en maintenant les cours du pétrole le plus bas possible qu’ils sont aujourd’hui confrontés à des déficits budgétaires records qui les obligent à augmenter considérablement les prix de l’électricité, de l’eau et de l’essence au sein du royaume et surtout à engager de vastes réformes pour réduire la dépendance du pays au pétrole. On a ainsi vu lundi soir, dans la capitale du plus gros producteur d’or noir de la planète, des centaines d’automobilistes se ruer vers les stations-service pour faire le plein avant l’entrée en vigueur des nouveaux prix, rapporte l’AFP. Le monde à l’envers !

Il suffirait aux Saoudiens de resserrer la production et l’exportation de brut pour que les cours, spectaculairement bas depuis de nombreux mois, se redressent un peu. Mais ils n’y ont aucun intérêt. S’ils ont largement ouvert les vannes ces derniers temps, c’est pour freiner, voire tuer l’essor du pétrole et du gaz de schiste aux Etats-Unis, dont la production naissante nécessitait des investissements énormes et donc des revenus conséquents pour survivre. Et ils y sont en partie parvenus. La baisse durable des cours du brut ne permet plus aux producteurs américains de dégager les moyens nécessaires pour réinvestir et beaucoup sont en train de s’effondrer. Si les Saoudiens ne veulent pas voir grimper les cours du brut, c’est aussi et surtout pour affaiblir un ennemi de toujours, l’Iran, autre gros producteur de pétrole qui va revenir sur le marché après la levée des sanctions et de l’embargo dans le cadre de l’accord conclu à Vienne sur son programme nucléaire. Riyad va tout faire pour que Téhéran ne puisse obtenir rapidement son salut dans l’or noir.

Cette stratégie aurait pu payer si la région ne s’était retrouvée cul par-dessus tête à la suite des révolutions arabes. L’Arabie Saoudite, qui connaît déjà des divisions au sommet, doit financer son engagement militaire au Yémen tout en se tenant sur ses gardes, à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières, face aux tentatives de déstabilisation régionale. Bref, si l’on ajoute à ça les conclusions de la COP 21, l’âge d’or semble bel et bien fini et l’on ne peut pas dire que le royaume ait fait grand-chose pour l’éviter.

Alexandra Schwartzbrod Directrice adjointe de la rédaction @ASchwartzbrod

Libération

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