La présidentielle, au cœur des préoccupations locales et internationales

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L’éclairage

Au moment où la rue continue de bouillonner, les manifestants réclamant en chœur aux autorités des comptes et des réformes, notamment au niveau des services publics, la question de l’élection présidentielle reste au cœur des préoccupations des milieux locaux et internationaux.

N’ayant pu réussir, dans un premier temps, à convaincre les postulants à la présidence à définir un délai pour la présentation de leur candidature, Bkerké, qui a accepté de parrainer cette échéance depuis plusieurs mois, revient à la charge pour tenter de relancer la dynamique en vue de débloquer la présidentielle. Cette nouvelle initiative, qui survient après l’échec des tentatives diplomatiques qui devaient verser dans le même sens, a échoué une nouvelle fois lorsque le sommet islamo-chrétien prévu il y a quelques jours à Bkerké s’est transformé en sommet exclusivement chrétien, le vice-président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, s’étant désisté en dernière minute, suivi des autres chefs spirituels musulmans.
Le patriarcat maronite, soutenu par plusieurs pôles politiques, revient à la charge pour demander aux différents protagonistes de convenir d’un ou de plusieurs candidats choisis en dehors de la polarisation, 8 / 14 Mars. Les deux candidats maronites dits « forts », Samir Geagea et Michel Aoun, sont ainsi invités à proposer des noms de personnes aux profils « neutres ».

Entre-temps, et avec la progression du mouvement de contestation dirigé par le collectif d’ONG et par la société civile en générale, plusieurs aspirants au poste de la première magistrature ont tenté d’exploiter la vague de protestation pour promouvoir leur candidature dès qu’il s’est avéré que cette dynamique de masse pourrait déboucher, en cours de route, sur un nouveau président.
Les milieux de Bkerké assurent que le patriarche est déterminé à lancer une nouvelle initiative en direction de la rue chrétienne pour débloquer l’échéance présidentielle. Plusieurs formules sont envisagées et examinées par les milieux concernés, convaincus de la nécessité de réunifier la position chrétienne autour de cette question. À défaut, les leaders et responsables politiques risquent de laisser passer l’opportunité de libaniser l’échéance qui peut toujours être sauvée, même si le temps presse.

L’action amorcée par le siège patriarcal maronite – que ce soit par le biais du sommet chrétien, à travers le prochain sommet islamo-chrétien qui devrait se tenir bientôt, ou encore grâce aux efforts entrepris en vue de rassembler les leaders chrétiens dans le but d’unifier les rangs – est motivée par le pari placé sur les développements régionaux et internationaux. C’est ce qu’estime une source diplomatique libanaise qui fait également état de tractations qui ont actuellement lieu à Amman et dans d’autres capitales, loin des feux de la rampe, en vue de débloquer le dossier de la présidentielle. Des milieux diplomatiques croient savoir que la réunion de l’Assemblée générale de l’Onu pourrait être l’occasion de rencontres importantes entre de hauts responsables.

Ces concertations profiteraient au Liban, d’autant que le Conseil de sécurité est censé consacrer une réunion pour examiner la situation au Liban à la lumière du rapport que devra soumettre la coordinatrice spéciale des Nations unies au Liban, Sigrid Kaag, à l’issue de sa tournée auprès des responsables et décideurs libanais. Parallèlement, se tiendra la réunion du groupe de soutien au Liban, qui prendra également part à la conférence du développement durable. À noter que le pape François, qui sera présent à la réunion de l’Assemblée générale de l’Onu, participera au sommet avec le président américain, Barack Obama. Les deux hommes examineront le dossier libanais qui figure en tête de l’ordre du jour de ce sommet. C’est dans ce cadre qu’il faut donc comprendre l’initiative du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, placée, à la demande du Vatican, en amont de ce sommet.

Selon des milieux parlementaires proches de Aïn el-Tiné, l’initiative prise par le chef du Parlement, Nabih Berry, se fonde sur ces donnes ainsi que sur des informations diplomatiques qui lui sont parvenues faisant état d’une progression dans les relations irano-saoudiennes. Un ancien ministre croit savoir d’ailleurs que le récent mouvement de la société civile vient s’inscrire dans le cadre de ce climat positif pavant la voie à un règlement de la crise dans la région et au Liban plus précisément. Ainsi, la révolte de la rue pourrait être exploitée en vue de sortir le pays de l’impasse et aboutir à l’élection d’un président pour ensuite redynamiser la vie institutionnelle.

L’Orient Le Jour

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