« J’aime mieux qu’une ancienne chapelle devienne une mosquée qu’un lieu de débauche »

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Mgr Dubost : « Il n’y a pas de risques de ventes d’églises à des associations musulmanes »

Les propos du 15 juin sur Europe 1 de Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris – sur lesquels il est revenu peu après –, envisageant que des églises désaffectées puissent accueillir des fidèles musulmans, continuent de provoquer des réactions.

Mgr Michel Dubost

Mgr Michel Dubost

Selon un sondage publié mercredi 8 juillet sur le site Internet de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, qui relaie une pétition intitulée « Touche pas à mon Église » (1), 67 % des Français sont opposés à une telle éventualité.

Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry et président du Conseil pour les relations interreligieuses à la Conférence des évêques de France, réagit à cette pétition.

« Je me réjouis que les Français veuillent défendre leur patrimoine ecclésial qui a une grande valeur symbolique ! Et la meilleure manière de défendre les églises est d’y célébrer la gloire de Dieu. Or, sur les 45 000 paroisses et chapelles recensées par le ministère de l’intérieur, plus de 40 000 – celles ayant été construites avant 1905 – n’appartiennent pas à l’Église catholique mais aux communes. Et ceci est un privilège !

À la différence de ce qui se passe au Canada, aux Pays-Bas ou en Belgique, où les diocèses sont obligés de vendre leurs églises non utilisées lorsqu’ils n’ont plus les moyens de les entretenir, en France, ce sont les communes qui assurent l’entretien des églises. Juridiquement, l’Église catholique n’est qu’affectataire des lieux de culte – tandis que les protestants et les juifs, qui avaient accepté en 1905 de créer des associations cultuelles, sont propriétaires de leurs locaux.

Cela suppose que les catholiques utilisent un tant soit peu les églises, pour honorer les efforts que font un grand nombre de mairies pour les entretenir. Sinon, lorsqu’une église ne sert plus à la prière, la puissance publique peut la vendre. Et, à tout prendre, je préfère qu’elle soit vendue à une association musulmane… J’aime mieux qu’une ancienne chapelle devienne un lieu de prière musulman qu’un lieu de débauche. Mais je ne pense pas qu’aujourd’hui des municipalités cherchent à vendre leurs églises.

« Je ne crois pas du tout que l’on puisse partager des lieux de culte »

Pour moi, la prière des musulmans a une vraie valeur. Sinon, pourquoi le pape Jean-Paul II, en 2001 à Damas, ou le pape François, en 2014 à Istanbul, auraient-ils prié aux côtés de musulmans en leur demandant de prier avec lui ? De plus, un grand nombre de policiers et de militaires musulmans, en France, au Mali ou ailleurs, défendent les valeurs de la République française contre les djihadistes, parfois au risque de leur vie. Ces concitoyens ont un droit constitutionnel à pouvoir exercer leur religion !

En revanche, je ne crois pas du tout que l’on puisse partager des lieux de culte. Déjà, entre protestants et catholiques, c’est difficile, ne serait-ce que pour honorer la présence réelle…

Et entre musulmans et chrétiens, comme je l’ai vu pratiquer à Silver Springs (États-Unis), à l’école des officiers de l’armée de l’air, ou à l’Otan, dans des salles communes avec quatre coins confessionnels distincts, cela suppose un cadre très strict. Sinon, au lieu de rapprocher les fidèles, un tel lieu de culte partagé ne fait qu’exacerber les tensions. »

RECUEILLI PAR CLAIRE LESEGRETAIN

La Croix

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