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Berry ne modifierait pas sa position concernant l’élection de Aoun

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Sauf surprise, la 46e séance électorale verra bien l’élection du 13e président de la République libanaise, après le consensus islamo-chrétien qui s’est dégagé autour de la candidature du général Michel Aoun. Il n’y aura pas de report de la séance, comme l’assure le président de la Chambre, Nabih Berry, en dépit des tentatives de donner plus de temps pour davantage de concertations et permettre à cette candidature de faire l’unanimité ; en dépit aussi de la polémique sur la majorité de vote – 86 voix ou 65. Inutile de dire que dans l’entourage de Michel Aoun, tous ces détails techniques ressemblent à autant de pièges semés par l’opposition pour bloquer le chemin de Baabda au fondateur du Courant patriotique libre (CPL). C’est pourquoi plusieurs autorités de référence politique et non politique ont réclamé que ce débat constitutionnel soit tranché avant la séance. Qu’à cela ne tienne, à Rabieh, l’on reste sur ses gardes, guettant tout ce qui pourrait dévier le cours des événements. Et pour cause : le torpillage de la séance du 31 octobre mettrait sérieusement en péril les chances du général Aoun.

Nabih Berry, toujours à Genève, aurait informé le candidat qu’il ne votera pas pour lui et que la véritable bataille commencera au lendemain de l’élection, sur les divers dossiers et échéances. Des sources proches de M. Berry excluent tout changement d’attitude de sa part concernant la candidature Aoun. Le chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, pourrait également faire cause commune avec le président de la Chambre lundi contre M. Aoun. Mais, après avoir publié sur son compte Twitter hier que « quelles que soient les protestations, le sacrifice et le compromis pour l’avenir restent plus importants que tout », certaines analyses soutiennent qu’il pourrait se résoudre à se ranger du côté de M. Aoun pour des considérations locales liées aux équilibres communautaires dans la Montagne. M. Joumblatt attendrait d’ailleurs le retour de M. Berry, prévu aujourd’hui, avant de trancher. Quoi qu’il en soit, des sources proches de la Maison du Centre sont catégoriques : il n’y aura aucune surprise lundi. Le chef du courant du Futur, Saad Hariri, a donné sa parole et il la tiendra, affirment-elles, et tout le reste n’est que spéculations inutiles.

L’absence de soutien de Nabih Berry à Michel Aoun risque néanmoins de plomber quelque peu le début du mandat de ce dernier. Tout nouveau président de la République a en effet besoin d’un esprit de relance institutionnelle pour pouvoir démarrer. Or M. Berry a déjà annoncé la couleur : il ne plaidera pas en faveur du retour de M. Hariri à la tête du nouveau cabinet et ne facilitera pas sa mission de former un gouvernement. Le leader du Futur, lui, cherchera quand même à former un cabinet d’union nationale avec le souci de n’exclure aucune partie – loin de l’esprit d’un gouvernement de technocrates – ce qui l’obligera à discuter avec le président de la Chambre. Par contre, M. Berry accorderait à M. Aoun une période de grâce jusqu’aux législatives du printemps prochain.

Pour Nabih Berry, le dossier le plus important, au lendemain de l’élection présidentielle, sera la loi électorale. Aussi se consacrera-t-il après le scrutin à œuvrer, de concert avec les forces politiques, pour un nouveau texte. Mais des sources proches du président de la Chambre affirment craindre, dans le cadre du marché conclu entre Rabieh et la Maison du Centre, une nouvelle prorogation technique du mandat du Parlement pour un an en attendant un accord sur une nouvelle loi électorale. Ce temps de grâce serait aussi l’occasion pour Saad Hariri de se remettre en selle et de remettre de l’ordre dans son camp avant les législatives. Après tout, affirment les sources proches de Aïn el-Tiné, n’est-ce pas déjà deux fois, à la demande de M. Hariri, que de telles rallonges ont eu lieu ? Et qu’en pensera le nouveau président, à Baabda ? Acceptera-t-il de démarrer son sexennat par un faux pas, alors qu’il avait été le plus grand pourfendeur des deux prorogations passées ?

Mais comment des députés qui ont échoué pendant onze ans à s’entendre sur une nouvelle loi électorale pourront-ils le faire en quelques mois ? Dans les rangs loyalistes, on estime qu’insister d’ores et déjà sur cette question vise à mettre des bâtons dans les roues du nouveau mandat. Selon certaines sources parlementaires, la loi de 1960 peut toujours servir constitutionnellement lorsqu’il sera l’heure des législatives. Nul besoin, partant, de proroger d’un an encore une fois le mandat de la Chambre…

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